mercredi, novembre 15, 2006

Un Mexicain aux lectures lointaines

Prix de la jeune littérature latino-américaine, Oscar David Lopez est à Saint-Nazaire pour deux mois. Il attend Meeting avec enthousiasme

L'écriture d'Oscar David Lopez est directe, crue. Le jeune auteur mexicain ne s'embarrasse pas de fioriture pour suivre le périple troublant de Victoria, actrice porno sur les traces de son amie d'enfance transsexuelle, morte du Sida. La nostalgie de la boue, court roman d'une soixantaine de pages, lui a valu le prix de la jeune littérature latino-américaine (lire ci-dessous). Outre une édition bilingue du roman, il se voit donc offrir une résidence d'écriture de deux mois à Saint-Nazaire, à la Maison des écrivains étrangers et des traducteurs (Meet).

Visage poupin, look branché, gentillesse timide... Oscar David Lopez a pris possessions de son appartement nazairien, avec vue panoramique sur le port et l'estuaire, il y a une semaine. Il livre déjà un premier ressenti, étonné : « En me promenant dans les rues, je vois des gens semblant heureux de leur vie. Au Mexique, dans les villes petites et industrielles, les gens n'ont pas cette fierté. »

Il s'avoue surtout « impressionné par tous les écrivains passés ici. » Et s'il ne fallait en retenir qu'un, ce serait le Cubain Reinaldo Arenas, qui a séjourné à la Meet six mois avant de se suicider. « Plus que la ville de Saint-Nazaire, ce fantasme de succéder à tous ses écrivains pourra influencer un travail d'écriture, plus tard. »
Dans l'immédiat, le Mexicain consacre sa résidence à « terminer un roman entamé au Mexique. » L'écrire à Monterrey, au pied de la Sierra Madre, ou au bord de l'estuaire de la Loire n'y change rien. « Le plan était bouclé en arrivant, » explique Oscar David Lopez.
À 24 ans, il se multiplie. Poète et romancier, directeur de revue artistique à l'occasion, il est aussi photographe. « Ce sont deux expressions très différentes. Mais elles s'influencent. Je suis très narratif dans la photographie. Et dans le roman, j'ai une approche très cinématographique, attentive au cadre, aux séquences, à l'image... Mais je reste d'abord un écrivain, » analyse Oscar David Lopez.
Au Mexique, il participe à « deux collectifs d'écrivains très distincts. Un autour de l'érotisme et l'autre d'une position politique radicale, de gauche, liée à ce qui se passe dans le sud du Mexique, au Chiapas notamment. » Dans son écriture, les deux préoccupations - érotisme et politique - se croisent.
Avant le prix de la jeune littérature latino-américaine, il n'avait jamais publié de roman. Ce prix résonne comme un aiguillon, pas du tout comme une consécration : « Il crée une inquiétude, une dynamique de création. Je dois répondre aux espoirs... »
Pendant les quatre jours de Meeting, cet écrivain précoce - il a commencé à écrire à 13 ans - va pouvoir assouvir son désir jamais démenti « de rencontrer d'autres écrivains. » C'est l'essence même des Lectures lointaines.
Didier BLIN.
Ouest-France
* Du balcon de l'appartement de la Maison des écrivains étrangers et des traducteurs, Oscar David Lopez admire le Petit-Maroc.

Aucun commentaire: